Lucien Jerphagon était un vrai savant doublé d’un grand professeur et d’un écrivain/philosophe de réel talent. Il connaissait le monde antique comme personne, lisait le latin et le grec à livre ouvert, sans avoir besoin de recourir au dictionnaire. Ses livres sur la philosophie ancienne, mais aussi sur les grands auteurs chrétiens, en particulier Saint Augustin, sont irremplaçables. Il faut lire, pour commencer, son admirable histoire de la pensée de l’antiquité et du Moyen-âge, publiée chez Tallandier. Mais c’était en outre un homme adorable, un personnage épatant de bonté, de bonne humeur, d’humour, de droiture et d’esprit de finesse. Nous avions écrit un livre en commun, La tentation du christianisme, publié chez Grasset à l’initiative de mes anciens étudiants, Pierre Henri Tavoillot et Eric Dechavanne que je remercie de nous avoir réunis en cette occasion pour des conférences à la Sorbonne, voici quelques années. Il s’était aussi essayé, avec bonheur, à la littérature, en publiant un fort joli roman, La louve et L’agneau, qui racontait, à travers le récit d’un procès et d’une exécution de martyrs chrétiens, le choc de deux mondes, celui, païen, de l’empire romain déclinant et celui, spirituel, des premières communautés chrétiennes. Lucien nous manquera et nul ne pourra le remplacer. Qu’il me soit permis de dire à sa veuve, à ses enfants ainsi qu’à toute sa famille mes plus amicales pensées et mes condoléances les plus sincères.